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Une lettre adressée à Mgr. Hugo Aufderbeck - 28 septembre 1978


 

 

A notre vénérable Frère Hugo Aufderbeck.

Evêque titulaire d’Arca en Phénicie

Administrateur Apostolique

d’Erfurt-Meiningen.

 

Nous tournons notre pensée vers l’Eglise de Saint-Sévère qui est la gloire de la ville d’Erfurt car elle est remarquable par son ancienneté, par ses œuvres d’art et surtout par sa piété. Autrefois, dit-on, c’était une pauvre église consacrée à Saint Blaise, puis, par la suite, elle reçut le titre de Saint Paul et devint la «maison de prière» du couvent de saints moines. Ensuite, selon une tradition orale, les reliques de Saint Sévère, évêque de Ravenne furent transportées à Mongontaacum de là à Erfurt puis déposées avec honneur dans cette église qui, du fait du culte grandissant rendu à ce saint, commença à être appelé par son nom.

 

C’est en son honneur que, par la suite, une nouvelle église, admirable par sa structure gothique, fut élevée. Son presbyterium, comme on l’appelle, a été ouvert au culte de Dieu, en l’an 1278; le reste de l’édifice, divisé en cinq parties, a été achevé plus tard. Puis au XIVème siècle, un sarcophage a été fabriqué avec art par des tailleurs de pierre pour protéger les ossements de Saint Sévère et de Saint Innocent.

 

L’érection de cette église fit croître l’ardeur de la piété des fidèles comme par une nouvelle impulsion: surtout le 22 octobre, nombreux sont ceux qui ont pris l’habitude de se rendre en pèlerinage en ce saint lieu pour vénérer avec empressement dans leurs prières Saint Sévère qui était également le patron des tisserands. Il faut aussi rappeler qu’il y a eu dans cette église, pendant plusieurs siècles un monastère de chanoines réguliers qui vaquaient à la louange de Dieu et au service spirituel des fidèles.

 

Le 22 octobre prochain, on nous l’a annoncé, auront lieu les solennités du septième centenaire de la fondation de cette église qui a actuellement été restaurée avec un soin diligent.

 

Ces pierres, en effet, parlent de la foi et de la piété des anciens et elles avertissent les actuels fidèles du Christ d’avoir à conserver intact cet héritage sacré et à le traduire dans la pratique de leur vie. En outre, que ceux qui fréquentent ce lieu sacré s’efforcent d’être eux aussi des «demeures spirituelles» (cf. 1 Pier 2, 5) en qui Dieu habite par sa grâce de sorte que l’on puisse leur appliquer ces paroles de Saint Augustin: «Dieu habite… en chacun comme dans ses églises et en tous, ensemble, rassemblés dans l’unité, comme dans son église» (Ep. 187, 13, 38 ; PL 33, 84, 7).

 

Cette église, enfin, introduit dans leurs cœurs le désir de cette demeure d’en haut où l’on peut jouir pour toujours de dons qui ne peuvent être embrassés par la vision des yeux, ni perçus par les oreilles et qui ne peuvent être éclairés par aucune pensée; oui, nous recevons de Dieu «une demeure qui n’est pas faite de main d’homme et qui est éternelle dans les cieux» (2 Co 5,1). Vraiment, ce qui donne son véritable sens et sa véritable importance au pèlerinage, bref et souvent ardu, que nous faisons sur la terre, c’est cette vie bienheureuse, qui ne finira jamais, à laquelle nous soupirons dans le malheur et que nous ne devons pas oublier dans le bonheur.

 

Nous désirons ardemment et nous demandons à Dieu avec force de faire servir cette pieuse célébration au bien et à l’accroissement de la religion et nous vous accordons, très volontiers, notre bénédiction apostolique, gage des biens célestes et témoignage de notre amour, à vous-même, vénérable Frère, à votre évêque auxiliaire, au clergé, aux religieux, et aux fidèles qui sont confiés à votre soin pastoral.

 

Fait au Vatican, le 28 septembre de l’année 1978, première de notre Pontificat.

 

Jean Paul Ier.